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Great Black Music : concilier le groupe et l'individu

Donner accès aux contenus, fluidifier les mouvements de foule, faire vivre une expérience collective, créer du lien après la visite... 

La Cité de la Musique et Mondomix ont déployé dans l'exposition Great Black Music des trésors d'ingéniosité pour satisfaire à la fois le groupe et l'individu, dans un même espace.



Mon compagnon de visite a bonne mémoire

Comment permettre au visiteur d'enregistrer des données personnelles (favoris, performances, etc.) accessibles plus tard en ligne ? Laissons de côté l'option A - développement d'une application publiée sur un store (Apple ou Google). Au moins deux autres solutions :

  • à la Cité de la Musique, pour Great Black Music, on distribue un Smartphone paramétré par un partenaire et fournisseur technique (Archos, en l'occurrence),
  • à la Cité des Sciences et de l'Industrie, pour Jeu Vidéo l'expo, on invite à conserver un coupon qui nous servira à enregistrer des données par flashage de QR code et à se rendre - manuellement - en ligne pour retrouver son compte.
Interface du contenu #23 : plusieurs chapitres

Autant dire que l'option Smartphone est bien plus confortable pour le visiteur, qui n'a qu'à enregistrer son adresse de messagerie. 
L'application fait le reste : elle m'envoie un mail de contact avec le lien dédié et unique, elle sert d'audioguide durant mon parcours, elle sauvegarde mes chansons favorites et met à jour ma playlist.

Espace public, expériences privées

En fait, ce dispositif d'application Great Black Music va plus loin : il rend les salles de l'exposition intimes, dans le sens où le visiteur est isolé au niveau sonore (il porte un casque audio), où il navigue d'îlot en îlot au gré de ses motivations, où il ne partage pas ses préférences musicales mais les garde à portée de clic.


En même temps, l'exposition reste un lieu de partages et d'échanges collectifs : plusieurs salles invitent à retirer le casque audio un instant, pour participer à des activités autour d'interfaces de groupe, pour jouer avec des instruments de musique, pour apprendre à danser avec des coachs filmés (et se faire filmer).

Laissez le casque audio de côté !
Une salle collective : expérience de groupe
Chorégraphie et mixage

De posture en posture

Et si Great Black Music nous éduquait, nous apprenait à quitter notre confort privé pour aller vers la rencontre ? Penchons-nous sur le parcours de visite :



  1. Les légendes des musiques noires - je découvre l'application Smartphone avec des contenus qui me rassurent (les grandes figures historiques de la musique), je profite de la disposition en îlots pour optimiser mon parcours et je commence à créer ma playlist.
  2. Mama Africa - je trouve une place dans le groupe mais je conserve la liberté de choisir l'écran qui m'intéresse (cette salle privilégie une diversité de postures d'écoute, de zapping, de discussion)
  3. Rythmes et rites sacrés - j'abandonne le casque audio pour m'immerger dans une projection à 360°
  4. Un fil historique - d'un côté une frise chronologique que je peux retrouver en ligne (avec le webdoc L'Odyssée des musiques noires), de l'autre côté une vitrine d'instruments de musique, moment de linéarité
  5. Juke box - je troque la station debout pour la station assise et j'explore plus avant les mouvements musicaux, écoutes de morceaux à la clé
  6. Les amériques noires - retour à un espace pluriel et partagé, je réinvestis des contenus chapitrés sur lesquels je peux prendre la main (si personne ne sollicite un écran, c'est moi qui choisis le thème que je souhaite regarder)
  7. Global mix - passage à la pratique avec des ateliers danse et mixage
1 - Les légendes des musiques noires (écran du Smartphone en bas, projection en îlot en haut)

2 - Mama africa (le numéro en haut à droite de l'écran sert de repère audioguide)

2 - Mama africa (orientations d'écoute et de regard)

5 - Juke box (appropriation d'un écran)

6 - Les amériques noires (partage d'un écran)

Vers une stratification de postures

En synchronisant l'écoute audio privée avec ce qui se joue sur les écrans publics, l'application Smartphone oblige à respecter le temps d'observation de l'Autre. Comme si la technologie nous empêchait de jouer des coudes pour lire avant son voisin le cartel du média.

Sans vraiment s'en rendre compte, le visiteur bascule d'une connaissance populaire des interprètes noirs à un savoir pointu des pratiques musicales africaines, latines, etc. C'est toute l'intelligence de Great Black Music : donner à comprendre un champ vaste, dont le domaine (musical) apporte un capital sympathie certain. 

Assis, debout, en mouvement, à l'écoute...

La Cité de la Musique parvient à capitaliser sur cette appétence naturelle : on ressort de l'exposition comme on rentre de voyage, de la musique plein les oreilles, et la certitude de prolonger l'expérience chez soi. 

Pourquoi un tel succès ? Sans doute l'évolution d'une posture à l'autre y est pour beaucoup : en engageant le corps et les sens dans le parcours, la musique redevient vraiment great.


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