En restitution publique au planétarium de Vaulx-en-Velin, l'expérience Dromos questionne le rôle joué par la surface de projection dans l'immersion et la création.
Under the Dome
Dromos se présente comme une
performance live immersive.
Performance _ car ses deux auteurs (
Maotik pour l'image et
Fraction pour le son) sont présents non pas en régie comme des techniciens, mais sur la scène frontale dédiée aux artistes.
Live _ à nuancer compte tenu d'un constat d'échec avoué : l'installation technique du Planétarium n'ayant pas permis une transposition fidèle de son œuvre originale, Mathieu Le Sourd, aka Maotik, reconnaît travailler avec des pré-rendus vidéos.
Immersive _ à interroger : la structure du dôme suffit-elle à garantir une immersion du public ? Probablement que non.
Manquent encore
une scénarisation fluide et un univers visuel soit d'une plus grande richesse soit d'une plus grande facilité d'accès. Ces qualités, il faut les reconnaître à GRID, une installation présentée à la
Fête des Lumières 2013, qui partage avec Dromos la position couchée de son public.
Position du public, posture de l'artiste
Cette position couchée est révélatrice d'une volonté corrélative à l’œuvre. Demander à son public de s'allonger, c'est
l'inviter à changer de regard. Des écarts francs se font ressentir
dans les degrés d'engagement émotionnel et d'acquisition intellectuelle selon la manière dont une information est reçue : en étant debout, assis, couché, en mouvement ou figé, frontalement ou en immersion...
Dès lors, l'artiste est-il également touché par
cette fine translation de la perception ?
A voir Dromos, on peut le penser. Pendant toute la durée de la performance, Maotik fait des aller-retours entre ses écrans et sa surface de projection, à savoir le dôme.
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Maotik |
Son œuvre, la vit-il comme
une lutte permanente entre la contemplation de son univers visuel intérieur (devenu extérieur) et le jugement critique qui le rappelle à son poste de travail ?
Saccades et prolongements
De plus en plus de dispositifs numériques nous autorisent
à lever les yeux, sans marquer cette posture du sceau de la rêverie ou de l'égarement. Au contraire :
ils concentrent le regard, via l'appareil technologique. Au profit d'un oubli du corps ? Quelle gestuelle adoptons-nous lorsque nous sommes équipés d'un casque Oculus Rift ?
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Parcours patrimonial / muséal avec tablette |
Même en passant du mobile au support fixe, l'outil technologique aligne l'oeil et la main dans un rapport de productivité.
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Debout, regard droit (Tableau Blanc Interactif) |
La capacité à rendre tactile et/ou support de projection n'importe quelle surface est en train de générer
une multitude de postures, tant physiques qu'intellectuelles.
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Debout, regard vers le bas (table tactile) |
Ces nouvelles postures nous engagent d'une autre manière
dans notre rapport à l'objet, au toucher, à la manipulation liée à un apprentissage.
Pour en revenir à Dromos, ce va-et-vient entre trois attitudes corporelles (contemplative, critique, corrective) place la création sous le signe de l'asynchronie, c'est-à-dire d'une latence entre le geste et la découverte de son résultat.
EDIT (avril 2017) : la SAT (Société des Arts Technologiques) à Montréal travaille justement sur un outil de création pour son dôme à 360° (SATosphère) afin de faciliter l'ajustement de l’œuvre à l'espace sphérique immersif. A suivre avec
leur programme de résidence...
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