versatile (latin versatilis, de versare, tourner)
Qui change facilement d'opinion, qui est sujet à des volte-face subites.
Des yeux derrière la tête
La Fête des Lumières est
fondamentalement photogénique ; c'est cette qualité qui permet aux téléspectateurs de la
presse nationale d'en parler comme s'ils y étaient, de commenter telle ou telle installation, de donner leur avis sur le millésime.
C'est aussi l'une des explications
aux centaines d'écrans mobiles brandis au-dessus des forêts de bonnets, lors d'une performance ou d'une boucle de mapping vidéo.
Cette année, l'événement
mettait à mal les aficionados du trépied portatif. Il y avait des projections PARTOUT. Je ne parle pas du nombre d'installations (75+ dans toute la ville) mais du
nombre d'éléments composant un seul projet.
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Entrée en scène de la façade |
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Jeux de résonance chromatique |
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Retour à l'atome |
Spectacle total
En cause : la
multiplication des surfaces possibles de projection. On pousse le niveau des moyens techniques pour aller chercher des façades plus lointaines, aux angles plus biscornus.
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Course-poursuite des Anookis sur la façade de l'Opéra... |
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Prise d'élan et... |
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Écrasement contre la façade de l'Hôtel de Ville ! |
En désespoir de façade, on installe
des régies éphémères qui servent à la fois de poste technique, de surface de projection et de socle de maquette monumentale.
L'installation sur la place Bellecour, intitulée
Rêves de Nuit, témoigne de ce
gigantisme (le terme n'est pas innocent : entre
les Pockets et la
veilleuse des Jacobins, nombre de dispositifs travaillent les rapports d'échelle).
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De gauche à droite : des acrobates... |
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... trois régies, une façade et une grande roue ! |
Avec des
déclinaisons fonctionnelles de ces extensions :
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Développement de l'univers de la grande roue vers la régie |
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Duplication des mêmes contenus |
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Déplacement de l'action sur la régie avec le personnage principal |
Suivez le guide
C'est bien souvent
le personnage qui fait le lien entre les différentes surfaces de projection - parfois bien difficile à suivre, comme en témoigne ce spectateur qui, devant moi, filme fixement la grande roue vide, prêt à capter la réapparition de Tonio, alors que celui-ci gigote au bout d'un filin, dans notre dos.
Aux
Terreaux, avec une projection simultanée sur
deux façades à 90° (dont celle, immense, du musée des Beaux-Arts), le rythme est bon : on suit le déroulé comme un échange de balle au tennis.
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Naissance d'un personnage qui s'étire et se déploie |
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Qui impulse un mouvement, une couleur, à la façade voisine |
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Contamination |
Un peu plus tard,
une scène de tango se déplace dans le sens contraire :
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Amorce sur l'Hôtel de Ville |
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Déclinaisons sur le musée des Beaux-Arts |
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Avec différentes échelles et cadrages |
World-famous for 15 minutes
Arrive bientôt la conclusion suivante :
on ne peut pas tout voir.
Suivi peu après de : c'est bien pour ça que
tout est multiple.
La Fête des Lumières draine chaque année une foule incroyable et avide. Et si l'effet de multiplication ne répondait en fait qu'à
un principe d'accessibilité au plus grand nombre ?
Impossible de projeter une séquence vidéo sur une façade trop petite. Inutile de proposer de l'interactivité à l'échelle d'une personne. Impensable d'installer un point d'accès unique.
En réponses à ces contraintes,
on diversifie, on déploie, on duplique.
[pssst, qu'est-ce qu'on se disait à propos du transmédia l'autre fois ?]
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Trois acrobates pour une grue |
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Effet de miroir (1 = 2 au minimum) |
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La même marionnette palpe le public d'en face |
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Chacun sa colonne de plumes |
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Et on investit les espaces libres ! |
L'installation prend tout son sens lorsque sa scénarisation, sa scénographie, son spectaculaire, se régénèrent par ces nouveaux espaces de visibilité : à travers la poésie, le gag, le message.
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